Dans son communiqué de presse du 27 novembre, Jean-Luc Mélenchon se demande pourquoi « deux jours après l’émission de BFM où [il a] posé le problème de la pertinence de la dissuasion nucléaire du fait de l’entrée dans l’ère de la guerre par l’Espace, aucun autre candidat ni leur parti n’ait exprimé de point de vue sur le sujet ? Plus personne ne s’intéresse donc à la Défense nationale cinq mois avant une élection qui en confie le commandement au Président de la République ? »
Erreur. Nous sommes au moins deux à nous y intéresser. Pour ma part, je m’interroge depuis plus de 35 ans sur les aberrations de la prétendue “dissuasion nucléaire”. C’est elle qui a motivé ma propre candidature à l’élection présidentielle de 2002 et de nouveau à celle de 2022 :
« La présidentielle de 2022 permettra-t-elle d’écarter les deux pires dangers qui menacent l’humanité, la dégradation du climat et les armes nucléaires ? On peut craindre que non. » (Candidature à la Présidentielle 2022, 4 novembre 2021)
Malheureusement, cette question en appelle d’autres :
- Pourquoi Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas signé la “Proposition de Loi visant à organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires et radioactives”, qu’il s’était engagé à soutenir avant d’être élu… député en 2017, et que je lui ai remise en mains propres en 2018 ?
- Quand donc les députés de la France Insoumise vont-ils respecter l’engagement de Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidence de la République ? (Pour l’heure, ils sont 4 sur 17 à l’avoir fait.)
- Comment pourrait-on croire encore aux promesses dudit candidat -ainsi, celle de fermer toutes les centrales nucléaires en une seule législature, proférée à Reims le 17.10.2021, n’a pas tenu dix jours- et surtout à sa volonté de promouvoir un désarmement nucléaire multilatéral, négocié et contrôlé ?
En réalité, si J-L Mélenchon met en doute l’efficacité de la dissuasion actuelle, ce n’est manifestement pas pour y renoncer, mais pour mieux nous embarquer avec les autres “grandes puissances” dans la guerre de l’espace : « Si nous disposons, dit-il, des moyens de tirer depuis le sol vers l’espace et depuis l’espace vers le sol, notamment sur les installations nucléaires d’un adversaire potentiel, la dissuasion n’est-elle pas plutôt là ? Cela ne se substitue-t-il pas à la dissuasion nucléaire actuelle ? Si nous disposons de la capacité de faire une flotte d’avions hypersoniques, à quoi bon les sous-marins nucléaires ? »
Vous avez dit “substitution” ? Allons donc ! Dites plutôt : extension ! A quand la « flotte d’avions hypersoniques » ? Cela fera une belle “charge de travail” supplémentaire pour le grand ami Dassault…